#10 Portrait de professionnels en santé mentale - Dr Brochard, psychiatre, médecin cheffe du pôle Paris Europe et médecin cheffe de l’Espace Ados

Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Bonjour, je m'appelle Héléna, je suis psychiatre et je travaille dans l’association en tant que médecin cheffe de l’Espace Ados depuis sa création en 2020. Auparavant, j’exerçais à l’hôpital dans un service de pédopsychiatrie auprès d’enfants et d’adolescents, aux urgences et en consultation dans un centre médico-psychologique (CMP).

Pouvez-vous nous expliquer votre métier et comment vous avez commencé à travailler dans le domaine de la santé mentale ?

En tant que psychiatre de l'Espace Ados, les missions que je partage avec ma consœur, le Dr Caudal, consistent à assurer la cohérence du projet de soin des patients en proposant des entretiens médicaux et en travaillant avec l’équipe de l’hôpital de jour au quotidien sur les modalités de soins qui sont proposées aux patients.

En tant que médecin cheffe de service, je dois également m’assurer du bon fonctionnement de l’hôpital de jour, soutenir les projets mis en place et faciliter les liens avec nos partenaires.

Depuis quelques mois, j’occupe également les fonctions de médecin cheffe de pôle, réunissant plusieurs unités parisiennes de l'association (le Foyer Relais, l’Espace Ados, l’Espace Famille et Couple, l’ETR et l’EJA) dans l’objectif de créer une nouvelle dynamique de partage entre les unités et de faciliter les échanges et les projets communs.

Au quotidien comment accompagnez-vous les personnes vivant avec des troubles psychiques ? 

Nous accompagnons les personnes via des entretiens médicaux avec les patients et avec leurs familles principalement.
Nous co-animons aussi avec Cécilia, l’encadrante de l’Espace Ados, une réunion "soignants-soignés" en début de semaine afin de discuter avec les patients de leur cadre de soin et de réfléchir à des projets de groupes thérapeutiques par exemple. Nous proposons aussi un groupe de psychoéducation sur la dépression avec Marine, notre psychologue clinicienne.

Par ailleurs, j’essaie autant que possible de partager des temps informels avec les patients qui permettent des échanges souvent riches, et de créer un lien de confiance.

Du fait de mes responsabilités, je dois également participer à des réunions avec les équipes soignantes et de direction. Des temps nécessaires afin de proposer aux patients un cadre de soin réfléchi et organisé.

Enfin, la porte de mon bureau est toujours ouverte, ce qui permet à chacun (patients et soignants) de me solliciter en cas de besoin.

Quels sont les défis les plus importants auxquels vous êtes confronté au quotidien dans votre travail ?

Ils sont nombreux ! Nous accueillons au sein de l'unité des adolescents qui souffrent de difficultés psychiques, dans une période complexe de grande fragilité. Nos actions auprès d’eux peuvent avoir de grandes conséquences sur leur évolution, chaque soin est alors presque un défi en soi ; au-même titre que celui de parvenir à faire venir régulièrement les patients à l'hôpital de jour et de garantir le bon fonctionnement de l'unité.

Pouvez-vous nous décrire une expérience gratifiante ou significative que vous avez vécue du fait de votre métier ?

Certains parcours de soins sont particulièrement marquants, je pense notamment à un jeune patient atteint de schizophrénie et placé dans une famille d’accueil, donc avec un parcours de vie très difficile, que nous avons accompagné à l’Espace Ados. Avec une volonté de fer, il a suivi régulièrement tous nos soins pendant un an, et il a pu s’inscrire dans un CFA cuisine à la sortie. Il est venu nous voir peu de temps après, habillé en costume, alors qu’il était en stage dans un grand palace parisien, nous étions ravis pour lui.

Plus personnellement, l’ouverture de l’Espace Ados a été une aventure extrêmement gratifiante qui m’a permis d’apprendre énormément au contact de l’équipe et des jeunes que nous accueillons au sein de l’unité.

En quoi consiste la collaboration avec vos collègues au sein de l’association et comment travaillez-vous collectivement pour soutenir les personnes connaissant une altération de leur santé mentale ?

A l’Espace Ados, nous avons mis en place des temps de transmissions quotidiens afin de partager au mieux les informations et les questionnements que nous pouvons avoir autour de l’accueil des patients. Nous avons deux temps de synthèse dans la semaine, qui permettent également de rencontrer les équipes de soins partenaires. Par ailleurs, nous partageons au quotidien des temps d’échanges informels, qui permettent de faire groupe en tant qu’équipe soignante, et de proposer une contenance institutionnelle aux jeunes que nous accueillons.

Il est très important pour nous également d’être en lien avec les autres équipes de l’association, car cela nous permet de ne pas rester enfermés dans nos pratiques et d'échanger sur nos succès… et nos échecs !

Pour vous, quels seraient les 3 mots qui qualifieraient l’association ?

Les trois mots qui pourraient qualifier l'association pourraient être la force, la volonté et le soin. Je constate en effet une grande volonté commune de soigner les personnes accueillies, quelles que soient les unités ou le cadre théorique de pensée. Il s’en dégage une grande force dont il me semble nécessaire de prendre soin.

Quels sont les outils et ressources que vous trouvez les plus utiles dans votre pratique professionnelle ?
 

Les ressources documentaires que l’on trouve sur des sites internet ou publications dédiées à la psychiatrie sont souvent intéressantes pour alimenter les réflexions autour de situations cliniques. J’essaie également de suivre (de loin) les avancées sur la recherche en psychiatrie sur les sites qui répertorient les articles cliniques, ou en suivant les publications de certains chercheurs ; Les internes en psychiatrie m’aident aussi à me tenir à jour ! Il existe également des podcasts qui sont très intéressants sur la santé mentale (les rencontres de Cairn par exemple, ou sur France Culture et France Inter avec des personnalités du monde de la psychiatrie). Les formations sont aussi des outils indispensables pour continuer à améliorer nos pratiques de soin.

Y-a-t-il de nouveaux projets au sein de votre unité dont vous aimeriez nous parler ?

Cette année nous organisons le Mois du bien-être à l’Espace Ados, un mois que nous espérons riche en partage d’expérience, sur une thématique qui nous a semblé très intéressante !