#9 Portrait de professionnels en santé mentale Biba, éducatrice spécialisée et cadre socio-éducative aux Maisons Hospitalières de Cergy

Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Bonjour, je m'appelle Biba, je suis éducatrice spécialisée et cadre socio-éducative aux Maisons Hospitalières de Cergy. Mon parcours est assez atypique. J'ai travaillé pendant plus de 12 ans en pédopsychiatrie infanto-juvénile (spécialement pour les adolescents), une expérience enrichissante et formatrice me permettant de mûrir et développer un bagage professionnel utile dans mon travail. J’essaie également de cultiver l’humour envers mes interlocuteurs, la différence et l’acceptation de l’autre dans son ensemble, avec toutes ses particularités.
J'ai rejoint l'association Les ailes déployées en 2021. Travailler au sein de LAD c'est bénéficier d'une liberté et d'une horizontalité dans l'accompagnement des personnes concernées dans le respect de leurs singularités.
Pouvez-vous nous expliquer votre métier et comment vous avez commencé à travailler dans le domaine de la santé mentale ?
En tant qu'éducateur.rice spécialisé.e, nous avons la mission d’accompagner et de co-construire avec les personnes que nous accompagnons. Une définition qui résonne particulièrement est celle-ci : « L’éducateur spécialisé mène ses actions selon des connaissances, des valeurs, un savoir-faire et un savoir-être qui visent à permettre à une personne en difficulté d’agir sur elle-même et sur son environnement. […] ».
C’est en sortant de l’école, après avoir plus étudié le domaine théorique que la pratique que j’ai décidé de poursuivre une formation dans le champ du handicap en étant plus impliquée sur le terrain cette fois-ci. J’ai travaillé avec des personnes malvoyantes et aveugles dans un IME (Institut Médicoéducatif) et dans des foyers de vie médicalisés avant de me tourner vers la pédopsychiatrie infanto-juvénile (adolescence) pendant plus de 12 ans, un domaine complexe, méconnu du grand public et d’une grande diversité. Mon parcours personnel m’a également permis d’évoluer dans un contexte mêlant notamment multiculturalité et ethnopsychiatrie, renforçant mon intérêt pour ce secteur.
Les éducateurs spécialisés sont présents dans les trois unités des Maisons Hospitalières de Cergy. J’exerce dans une petite équipe composée de 4 éducateurs spécialisés, d’une APA (enseignante en activité physique adaptée) et d’un cadre socio-éducatif.
En plus du rôle de référent et de l'accompagnement mis en place auprès d'une quinzaine de patients, l'éducateur spécialisé a la charge de proposer des activités dites "de loisirs" qu'elles soient internes ou externes, permettant par exemple de créer du lien social (bowling, cinéma, visites de ville et village, randonnées, activité théâtre...) ou encore culturelles donnant lieu à des restitutions, des expositions, des vernissages etc.
Enfin, dans le cadre du rôle de cadre socio-éducatif, j’essaie de mettre en place un environnement de travail à la fois confortable et efficient pour l’équipe dans un objectif commun : redonner le pouvoir d’agir aux personnes que nous accompagnons au quotidien.
Au quotidien comment accompagnez-vous les personnes vivant avec des troubles psychiques ?
En acceptant leurs différences, ce qui les rends uniques et originaux.
Quels sont les défis les plus importants auxquels vous êtes confronté au quotidien dans votre travail ?
Faire valoir les droits de nos patients, la prise ou reprise de contact avec les familles, les proches, le fait de renouer des contacts plus sains et sereins avec les secteurs. De cette façon, nous pallions l’isolement et restaurons des liens qui ont de nombreuses vertus.
Pouvez-vous nous décrire une expérience gratifiante ou significative que vous avez vécue du fait de votre métier ?
Un souvenir marquant est l’ouverture d’un compte bancaire pour l’une des personnes que j’accompagnais. Cela peut sembler banal mais cela a été une victoire pour ce jeune homme et moi. Agé d’environ vingt ans et concerné par une schizophrénie grandissante (déclarée, installée), il avait émigré des Comores vers la France et était orphelin au moment où nous nous sommes rencontrés. Un jour, il m’a fait part de sa difficulté à ouvrir un compte bancaire en son nom après de nombreux refus des organismes habilités, en raison de sa pathologie. Après de multiples rendez-vous et plusieurs démarches, nous avons finalement réussi procéder à cette ouverture.
En quoi consiste la collaboration avec vos collègues au sein de l’association et comment travaillez-vous collectivement pour soutenir les personnes connaissant une altération de leur santé mentale ?
Dans notre métier, le travail en réseau et le travail partenarial sont cruciaux, que ce soit au sein de l'association ou à l'extérieur. En tant qu'éducatrice spécialisée, il est important de prendre en compte la notion de lien, parfois très fragile, parfois brisé, sur lequel nous devons travailler, construire ou reconstruire avec les secteurs, la famille et les proches... car l'homme est un être vivant qui évolue en groupe. Un groupe de travail sous-entend une équipe, un groupe de personne constituant la famille, les proches etc.
Pour vous, quels seraient les 3 mots qui qualifieraient l’association ?
Humanisme, Horizontalité, Partenariats.
Quels sont les outils et ressources que vous trouvez les plus utiles dans votre pratique professionnelle ?
- Les réunions partenaires
- Le confort matériel (véhicules, matériel informatique, moyen financier)
Y-a-t-il de nouveaux projets au sein de votre unité dont vous aimeriez nous parler ?
Il y a de nombreux ateliers qui vont revenir de façon cyclique tels que la Capoeira. Nous sommes à l’écriture d’un projet autour de la fête de la musique.
Merci à Biba pour son témoignage inspirant !
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