#7 Portrait de professionnels en santé mentale Céline, psychologue clinicienne à l'Espace Ados

Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Bonjour, je m’appelle Céline Dalla Libera, je suis psychologue clinicienne depuis 2010 suite à une reconversion professionnelle. Dans ma première partie de vie professionnelle j’étais consultante en management et organisation.

Depuis 14 ans, je travaille à temps partiel au sein de l'association Les ailes déployées, et en cabinet en libéral le reste de mon temps.

Pouvez-vous nous expliquer votre métier et comment vous avez commencé à travailler dans le domaine de la santé mentale ?

Le métier de psychologue clinicienne consiste à soutenir, écouter et accompagner les personnes qui souffrent sur le plan psychique et de les aider à surmonter leurs maux. Nos outils principaux sont les entretiens individuels, les tests psychométriques (bilans psychologiques) et les groupes thérapeutiques. Ma pratique s’inscrit dans une approche intégrative et humaniste.

J’ai débuté à l'association en tant que psychologue clinicienne au sein l’hôpital de jour Espace Jeunes Adultes, qui accueille sur deux ans maximum, des patients âgés de 18 à 25 ans, souffrant de troubles psychiques.

Depuis septembre 2020, je travaille à l’Espace Ados, un hôpital de jour qui accueille des adolescents et jeunes adultes âgés de 15 à 20 ans, présentant une pathologie psychiatrique stabilisée ou sortant d’hospitalisation. Cela me permet de vivre l’expérience de la création d’un hôpital de jour.

Au quotidien comment accompagnez-vous les personnes vivant avec des troubles psychiques ?

Une journée type à l'Espace Ados s'organise en plusieurs temps : un temps de transmission en équipe (lundi, mardi et mercredi) ou des réunions de synthèse (le mardi et le jeudi), des groupes thérapeutiques, différents types d’entretiens (médicaux, familiaux, infirmiers, de psychomotricité et de référence) et autour d'un travail de coordination avec les partenaires extérieurs.

Le psychologue est le référent de plusieurs patients. Il est l'interlocuteur privilégié du jeune qui est accompagné et le garant de son projet de soins à l’Espace Ados.

Les entretiens de référence sont hebdomadaires et visent à travailler avec le jeune les soins qu'il recevra, ce qui se joue pour lui dans le cadre des groupes et des temps informels et sa relation avec les autres jeunes. Cela permet aussi d'identifier les axes de soins et de réfléchir aux groupes thérapeutiques et aux prises en charge qui peuvent lui être proposées au sein de l’unité. Cela nous amène à faire d’un emploi du temps servant de médium lors de ces entretiens.

Quels sont les défis les plus importants auxquels vous êtes confrontés au quotidien dans votre travail ?

Chaque journée est un nouveau défi car malgré nos rendez-vous planifiés, nos groupes et nos réunions, il y a toujours une part d’incertitude quant à l'état d'esprit de nos patients lorsqu’ils arrivent à l’Espace Ados. Il faut vraiment accueillir leur état psychique qui peut être très fluctuant, ce qui est encore plus vrai chez des adolescents.

Notre principal défi est de leur proposer un lieu contenant et bienveillant. J’insiste sur le « notre » car il s’agit avant tout d’un portage collectif de toute l’équipe, ce qui est vraiment notre force !

Pouvez-vous nous décrire une expérience gratifiante ou significative que vous avez vécue du fait de votre métier ?

J'ai en tête un exemple, celui d'une jeune femme que nous avons accueilli il y a quelque temps à l’Espace Ados. Elle était âgée de 17 ans au moment de sa prise en charge, et son amélioration clinique a été très gratifiante pour nous tous.

Les principaux axes de soins portaient sur les dimensions éducatives, sociales, la régulation des émotions, l'estime de soi et le lien à l'autre. Notre objectif était de lui permettre de reprendre confiance en elle et de lui donner la possibilité d'être en relation avec les autres de façon plus adaptée, afin qu'elle puisse se projeter dans un futur plus serein. Le cadre contenant et bienveillant de l'unité lui a permis d’exprimer ses difficultés, de mieux se connaître et de s’affirmer. Elle a été en mesure de se saisir de l’ensemble du travail pluridisciplinaire de toute l’équipe de l’Espace Ados et des soignants de l’extérieur, permettant une alliance aux soins plus pérenne. Aussi, grâce à son implication, elle a pu reprendre une scolarité au Pôle Innovant Lycéens (PIL) !

En quoi consiste la collaboration avec vos collègues au sein de l’association et comment travaillez-vous collectivement pour soutenir les personnes connaissant une altération de leur santé mentale ?

Comme je l’ai dit plus haut, la cohésion au sein même de notre équipe est précieuse. Nous travaillons également avec nos autres collègues œuvrant dans les différentes unités de l'association (hôpitaux de jour, Espace Famille et Couple, Foyer Relais) dans un souci de complémentarité des soins, puis de manière globale avec nos partenaires extérieurs.

Pour vous, quels seraient les 3 mots qui qualifieraient l’association ?

• Le premier, dynamisme car depuis 14 ans l’association a beaucoup évolué.
• Le second, complémentarité dans la prise en charge des soins, tant du côté sanitaire que médicosocial.
• Le troisième, réhabilitation psychosociale car cela reste l’ADN de l’association.

Quels sont les outils et ressources que vous trouvez les plus utiles dans votre pratique professionnelle ?

Je parlerai plutôt en terme de ressources avec des formations, colloques, supervisions, intervisions et des échanges entre collèges (favorisés par le collège des psychologues de l'association par exemple) qui me semblent très utiles au quotidien.

Nous pouvons également utiliser des outils qui sont propres à notre pratique pour effectuer des évaluations (bilans psychologiques).

Y-a-t-il de nouveaux projets au sein de votre unité dont vous aimeriez nous parler ?

Tous les ans, nous choisissons une thématique que nous déclinons dans chaque groupe pendant un mois. Les années précédentes, nous avions proposé le mois du consentement puis le mois de l'écologie.

En 2025, la thématique sera celle du « prendre soin de soi » au travers de plusieurs ateliers spécifiques sur le corps, le sport, la santé et les addictions (notamment les réseaux sociaux).

Merci à Céline pour son témoignage engagé !